
Savigny-sur Ardres :
Les 20, 21 et 22 mai 1940, le PC du Colonel De Gaulle était à Savigny-sur-Ardres, au vieux château. Sa mission : regrouper la Division. Les officiers d’Etat-major et le Colonel De Gaulle lui-même reprenaient contact avec les Commandants des unités de chars pour faire le point sur les possibilités d’action de la Division pour réduire la tête de pont d’Abbeville.
Il y avait pendant ces moments là, une émission à la radiodiffusion française, à 18 heures, « le quart d’heure du soldat », dirigée par le Capitaine Alex Surchamp, alors correspondant de guerre des journaux parlés. Désemparé par la situation critique, il alla trouver le Général Gamelin pour savoir s’il n’y avait pas un coin de front qui tenait. Réponse lui fut faite d’interviewer un certain colonel De Gaulle « qui se débrouillait pas mal à Montcornet ».
L’allocution du Colonel De Gaulle fut la suivante :
« C’est la guerre mécanique qui a commencé le 10 mai. En l’air et sur la terre, l’engin mécanique –avion ou char– est l’élément principal de la force.
L’ennemi a remporté sur nous un avantage initial; pourquoi? Uniquement parce qu’il a plus tôt et plus complètement que nous mis à profit cette vérité.
Ses succès lui viennent de ses divisions blindées et de son aviation de bombardement, pas d’autre chose!
Et bien! Nos succès de demain et notre victoire, oui! Notre victoire, nous viendront un jour de nos divisions cuirassées et de notre aviation d’attaque.
Il y a des signes précurseurs de cette victoire mécanique de la France. Le chef qui vous parle a l’honneur de commander une division cuirassée française. Cette division vient de durement combattre; et bien! On peut dire très simplement, très gravement –sans nulle vantardise– que cette division a dominé le champ de bataille de la première à la dernière heure du combat.
Tous ceux qui y servent, général aussi bien que les plus simple de ses troupiers, ont retiré de cette expérience une confiance absolue dans la puissance d’un tel instrument.
C’est cela qu’il nous faut pour vaincre,
Grâce à cela, nous avons déjà vaincu sur un point de la ligne,
Grâce à cela, un jour nous vaincrons sur toute la ligne. »